Plus de 7 000 kilomètres de sentiers à découvrir dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, l’offre est pléthorique. Pourtant, rien ne serait pareil sans la bienveillance et le savoir-faire de la fédération française de randonnée (FFR) qui balise les chemins avec application.
Le tour du piton des neiges, la grande traversée des Pyrénées, la Loire sauvage à pied ou tout simplement le sentier du littoral catalan ont tous un point commun, un balisage labellisé par la fédération française de randonnée (FFR). Du GR (grande randonnée) matérialisé par des marques de couleurs blanches et rouges, aux PR (promenade et randonnée) dont les marques sont jaunes, en passant par les GRP (grande randonnée de pays) en jaune et rouge, le balisage est un indispensable sur les différents itinéraires.
Si les conseils départementaux se chargent de la signalétique (panneaux) et des gros travaux (la loi impose à chaque département l’élaboration d’un Plan départemental des itinéraires de promenades et de randonnées), c’est à la FFR que revient le soin du balisage. "Du moins pour les GR et les GRP" précisent José Vergnes et Jean Jobert, respectivement Président départemental et président de la commission des sentiers pour les Pyrénées-Orientales. "Pour les PR, l’équipement et la création de sentiers sont essentiellement assurés par les communautés de communes, les communes, ou les syndicats tout de même souvent aidés du conseil Départemental." Pour l’entretien, propriétaires, chasseurs, amateurs de vélo tout-terrain, trailers, randonneurs et diverses associations, sont également de la partie.
"En ce qui concerne les GR et GRP nous avons environ 800 kilomètres de sentier dans les Pyrénées-Orientales, que nous refaisons systématiquement chaque année. Nous sommes un des seuls départements à faire ça." Les baliseurs bénévoles sont formés grâce à des stages qui durent deux jours. Tourne à gauche/droite, mauvaise direction […], connaître la charte nationale du balisage est indispensable. "Notre premier souci est la sécurité. Il faut que les marques soient facilement visibles sans qu’il y en ait trop."
Il y a de plus en plus de tags à effacer
Combien de marques au kilomètre ? Ça dépend de la configuration et du relief. "Par exemple, il y a un secteur sur le Canigó sur lequel nous avons 300 marques à entretenir pour 18 kilomètres de sentier", nous apprend Jean Jobert, fin connaisseur de la question. "Les responsables de secteurs s’en vont sur le terrain munis de véritables ordres de mission et de tout le matériel nécessaire (peinture, brosse, scie, sécateur…). Depuis peu nous avons rajouté du dissolvant dans le kit, car il y a de plus en plus de tags à effacer." Au niveau national ce sont tout de même quelque 8 000 baliseurs qui travaillent sur plus de 140 000 kilomètres d’itinéraires labellisés.
On a complètement laissé tomber les sentiers historiques et certaines voies de communication millénaires
Un travail de titan assuré principalement par des bénévoles mais qui reste "insuffisant" pour Bruno Marin, accompagnateur de moyenne montagne depuis plus de 30 ans (voir encadré). Il propose des sorties sur tout le massif des Pyrénées et connaît parfaitement les sentiers de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Ce "montreur de pays" reste perplexe quant à l’entretien et le balisage de certains chemins, "Les grandes voies (GR, PR, GRP) sont à peu près convenables mais on a complètement laissé tomber les sentiers historiques et certaines voies de communication millénaires. On n’y met clairement pas les budgets qu’il faut. On investit des millions d’euros pour des remontées mécaniques débrayables, sur des activités artificielles, mais on ne met pas 5 % de ce budget dans l’entretien des voies indispensables au développement d’un tourisme plus durable. Ce sont des choix politiques." Le débat fait généralement toujours avancer, si les chemins sont dégagés.
Pour rappel, selon le Pôle ressources national sports de nature, "35 % des Français âgés de 15 à 70 ans déclarent avoir pratiqué au moins une fois la randonnée pédestre au cours des 12 derniers mois. Soit environ 16 millions de randonneurs français qui arpentent les sentiers littoraux, de plaine et de montagne."
Partir en randonnée est de plus en plus facile. Traces, blogs et autres stories sur les réseaux sociaux donnent quelques bases pour se lancer dans l’aventure. Pour autant, l’accompagnateur expérimenté reste l’assurance de découvrir véritablement le territoire visité. "La valeur ajoutée d’un accompagnateur sur une sortie à la journée a hélas plus ou moins complètement disparu", explique Bruno Marin (randonades.com) accompagnateur en moyenne montagne depuis plus de 30 ans. "En revanche l’usage abusif et pas toujours pertinent des nouvelles technologies prive le quidam randonneurs d’un service supplémentaire. Et cela se remarque d’autant plus sur des séjours avec plusieurs étapes, où l’accompagnateur va apporter toutes ses connaissances et sa pédagogie." Préservation de l’environnement, faune, flore, connaissances du milieu montagnard, liens avec le tissu local, "les organisateurs de séjours créent des ponts entre les touristes et le territoire. Ils sélectionnent les bons plans les plus pertinents pour que le client n’ait plus qu’à profiter de l’instant." Des séjours préparés aux petits oignons par de fins connaisseurs expérimentés et, le petit plus introuvable sur les réseaux, qui partagent avec enthousiasme de croustillantes anecdotes.